NO CULTURE, NO FUTURE

Depuis toujours, The Kooples explore le lien puissant entre la mode, l’art et la pop culture. Initié en 2022, le prix d'art contemporain The Kooples Art Prize s’est donné pour vocation d’accompagner la création émergente en invitant les artistes à partager leur vision du monde et à imposer leur pratique comme un acte de singularisation dans une société standardisée.


Un jury de professionnels de l’art s’est vu confier la mission de désigner les deux lauréat.e.s de la première édition – Gaby Sahhar et Kim Farkas. Les œuvres réalisées avec le soutien de The Kooples seront successivement exposées au sein du nouveau magasin de la marque sur les Champs Élysées, dans un premier temps, puis collectivement au MAC VAL du 23 juin au 17 septembre 2023

 

 

GABY SAHHAR


Gaby Sahhar, né.e en 1992, est un.e artiste d’origine franco-palestinienne basé.e à Londres à la pratique interdisciplinaire. Iel dirige également la plateforme de soutien aux artistes LGBTQIA +, Queerdirect. À travers le prisme de l’encre, de la peinture, de la vidéo et de l’installation, sa pratique visuelle interroge la manière dont l’identité, le genre et la sexualité queer peuvent s’exprimer et se manifester dans l’espace public malgré les structures patriarcales et capitalistes dominantes d’aujourd’hui.

Pour The Kooples Art Prize, l’artiste s’est inspiré.e de l’oeuvre picturale d’Otto Dix qui a mis à nu les maux de la société du début du XXe siècle et des pages du manga futuriste dystopique japonais Ghost in the Shell. Sous forme de narration spéculative, iel présente des structures multi-sensorielles de forme concave, à la fois espace symbolique d’abri et marqueur pour les communautés représentées.

 

 

 

KIM FARKAS


Artiste franco-américain d’origine peranakan, né en 1988, Kim Farkas est basé à Paris. Diplômé des Beaux-arts de Paris en 2014, il a co-fondé en 2012 la maison d’édition Holoholo Books. Du tuning automobile au cosplay, en passant par le hacking ou encore par son héritage peranakan, Kim Farkas emprunte à des domaines hybrides entre contre-cultures et laboratoires du capitalisme. C’est la rigueur et l’unicité de ces pratiques et leur circulation dans notre économie libérale qui l’intéressent.

Pour The Kooples Art Prize, l’artiste présente des enveloppes oblongues parées de reflets liquides, d’une préciosité toxique. En stratifiant des matériaux composites, par des jeux de transparences et de reflets moirés, il crée des mondes à l’intérieur desquels se révèlent des objets. Il met ici en scène les mécanismes d’accumulation du capitalisme et d’appropriation matérielle.

 

 

 

 


Né en 1988, Kim Farkas est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2014. L’artiste franco-américain développe un travail principalement sculptural, modélisant sur logiciel informatique des formes oblongues pour les produire, in fine, via une imprimante 3D. Ses coquilles allongées mutent à chaque occurrence, à partir d’une même matrice initiale. Elles sont parfois éclairées de l’intérieur et témoignent d’une activité interne qu’on pourrait assimiler à un transport fragile d’informations.​ Ses espaces mutants suscitent attirance et répulsion. Ils jouent des frontières poreuses entre le dedans et le dehors, entre le relief et le plat, entre l’opacité et la transparence… Les formes organiques débordent parfois des caissons de verre censés les contenir ; chacune de ses sculptures s’émancipant alors de son système de présentation et questionnant l’expérience perceptive du spectateur·ice.

Par sa mère d’origine peranakan, ethnie de marchands chinois installée dans la péninsule malaise, Kim Farkas incorpore dans ses sculptures des objets factices, fait entièrement de papier, typiques de certains rituels asiatiques (joss paper) : des papiers votifs que l’on brûle pour s’assurer que l’esprit d’un ancêtre ou d’une déité aura les moyens suffisants dans l’au-delà. Les billets funéraires sont devenus billets de banque, lingots d’or, bijoux, cartes de crédit, pour finalement devenir des effigies de tous les objets quotidiens du monde capitaliste. À l’image des joss paper, certaines sculptures de Kim Farkas hébergent des objets miniatures. Les sculptures de Kim Farkas lèvent le voile sur le système marchand et la circulation tout azimut des formes et des idées. Posséder une reproduction, une miniature, c’est accéder au fantasme de sa propriété, de son usage, mais c’est aussi tenter de mettre en place, en tant que personne diasporique, un échange avec un ailleurs, avec un autre.

Les sculptures de Kim Farkas doivent autant au biomorphisme à l’oeuvre dans l’art nouveau et le surréalisme, qu’à la saga des films Alien. L’artiste emprunte aux FabLabs, au tuning et au Cosplay, c’est-à-dire à des communautés qui se sont réappropriées des savoir-faire dont elles avaient été dépossédées par l’industrie. Les FabLabs constitue un réseau mondial de laboratoires locaux, qui rendent possible l’invention et l’autonomie, en donnant aux individus accès à des outils de fabrication numérique : réparer, démonter, détourner. Le tuning permet de modifier, personnaliser, améliorer les performances ou l’aspect d’un véhicule de série. Le Cosplay est l’art de prendre l’apparence et l’attitude, d’un personnage de la pop culture en respectant ses cheveux, son maquillage, ses mimiques et en fabriquant soi-même sa tenue (Do It Yourself), ses accessoires, bref l’art de l’incarner. ​

 

 

 

Franco-palestinien·ne, Gaby Sahhar vit et travaille à Londres. Sa pratique artistique mobilise une variété de médiums tels que le dessin à l’encre, la peinture à l’huile, la vidéo, et touche à l’installation dans sa mise en espace. Pour Zone O, une fresque peinte de sept mètres de long est présentée sur une structure ronde autour de laquelle le public est amené à circuler. Cet immense panorama s’intéresse à l’expérience urbaine et notamment aux sites de transit des métropoles occidentales : ces lieux normalisés dont les caractéristiques sont à peu près identiques et où la singularité de chacun se dissout dans la foule des usagers. Les couleurs qui dominent la composition sont celles habituellement associées aux états-nations ou à l’Union Européenne : le rouge, le bleu roi, l’or, le bronze et l’argent. Une zone indique d’ailleurs la qualité indéterminée ou transitoire d’un espace, qui oscille ici entre une gare, un passage couvert ou bien la rue. À partir d’images récoltées dans des magazines, glanées sur internet ou prises à la volée, Gaby Sahhar peint l’expérience contemporaine de ces lieux à la fois stériles et fonctionnels.

Dans la fresque de Gaby Sahhar, des silhouettes en uniforme de maintien de l’ordre ou vêtues de combinaisons en latex campent des positions sensuelles, d’autorité et de soumission dans des scénettes qui naviguent de l’espace domestique à l’espace urbain. Elles co-existent avec de nombreux objets (sac à dos, gants, chaussures, chemise à flanelle et masques) qui rappellent l’idée de corps fragmentés, disséminés dans une ville dont on devine les avenues, les stations de métros et les intérieurs cossus. Derrière l’idée de la négociation permanente d’un corps soumis à la pression du regard et à l’aliénation de la ville, l’artiste cherche à attirer l’attention sur les individu·e·s dont la différence est souvent sanctionnés dans les lieux dits “anonymes”: les personnes queer, racisées ou en situation de handicap, qui voient leur circulation ou leur sécurité sans cesse entravées. Iel nous rappelle que les régimes de visibilité ou d’invisibilité de la vie publique ne s’appliquent pas uniformément à tous·tes, et que pouvoir naviguer aisément entre eux relève d’une forme de privilège. 

Les questions du rôle social, du conformisme et de l'assimilation sont mises en regard avec la difficile existence d’identités de genre alternatives par la friction de personnages indéterminés et de visages inexpressifs ou masqués.

À l’intérieur de l’installation, le public est amené à découvrir Fragile Existence, un film composé de trois segments narratifs tournés dans un ancien bâtiment universitaire de Londres tombé en déshérence, une infrastructure d’entraînement pour interprètes-traducteur·rices et dans les rues de Paris. Gaby Sahhar reproduit un espace à mi-chemin entre le salon de psychanalyse et la salle d’interrogation dans lequel des personnages évoluent dans des lumières criardes. La cour d'entraînement prend, elle, des allures de centre d’appel, transfigurée par des jeux de lumières qui ne sont pas sans rappeler l’espace d’un club. Quant aux captations parisiennes, ralenties et distordues, elles s’attardent sur le tarmac et les trottoirs. Ces espaces transfigurés gardent les traces de leurs fonctions premières mais acquièrent le même caractère fractal et indéterminé que la fresque par leur traitement visuel.

Modes of Disidentification présente un visage sans traits qui dit l’attachement de l’artiste à l’histoire de l’Expressionnisme, et plus précisément à la représentation faciale chez les progressistes de Cologne. À la fin des années 20, iels placent les prolétaires au centre de leurs œuvres en standardisant leurs visages jusqu’à l’effacement pour dire leur condition d’oppression dans le système capitaliste d’alors. Ici Gaby Sahhar rend hommage à l’inventivité d’une jeunesse qui inscrit les identités non-binaires et queer hors des carcans normatifs et se désidentifie des héritages binaires qui contraignent l’expression de genre. En regard, The Progress Narrative reprend le motif d’une scène de vie contemporaine où la singularité de chacun·e est effacée par une masse en transit, et dans laquelle seuls des sac à dos aux couleurs du drapeau LGBTQI+ se démarquent. Le titre du tableau questionne l’inclusion récente de considérations queer dans le discours occidental sur le progrès social, et leur récupérations capitalistes. Enfin, Bodily Confessions reprend une scène du film présenté au rez-de-chaussée tournée dans le studio de l’artiste.

 

 

GABY SAHHAR
27 octobre 2022 - 09 janvier 2023


Chaque artiste lauréat bénéficie :

– D’une enveloppe de 28 000 € HT dédiée à la production d’un projet d’installation, composé d’oeuvres fortes et originales.

– De 10 000 € HT pour l’accompagnement d’un.e scénographe professionnel.le pour préparer l’exposition de ces oeuvres.


– D’honoraires d’artistes d’un montant forfaitaire global de 6 000 € HT pour quatre mois de travail de conception et production des oeuvres, en vue des expositions prévues dans le cadre du Prix.


– De la production de deux expositions : un solo show au flagship The Kooples sur les Champs-Elysées à Paris et une exposition collective durant l’été au sein du MAC VAL, l’institution partenaire choisie pour cette première édition.


– D’un accompagnement privilégié par l’équipe de The Kooples Art Prize et par le curateur invité, Thomas Conchou pour la première édition.


– D’une résidence de recherche et de conception d’une durée de 15 jours dans un lieu partenaire, la nouvelle Maison Artagon près d’Orléans, pour cette première édition.

 

 

 

THOMAS CONCHOU


Thomas Conchou est curateur, co-fondateur du collectif curatorial Le Syndicat Magnifique, membre du collectif Curatorial Hotline et médiateur agréé par la Fondation de France pour la mise en place de l’action Nouveaux commanditaires. En 2020, il entre en résidence de commissariat au centre d’art de la Maison populaire de Montreuil.
En 2022, il rejoint le jury du prix pour les artistes queer Utopi·e et le comité de sélection du Salon de Montrouge. Il est par ailleurs lauréat de la bourse d’écriture Textwork de la Fondation d’Entreprise Pernod Ricard.

 

STUDIO MARANT


Depuis 2015 l’agence créative Studio Marant insuffle une vision artistique auprès de ses clients (Cartier, Galeries Lafayette, Etam) à travers des projets sur mesure : expositions, scénographies, collaborations avec des artistes et curation d’objets. Son expertise se construit au gré de différentes curations institutionnelles (Palais de Tokyo, Parcours Saint-Germain, MAMO à la Cité radieuse de Marseille). Pour The Kooples, Emily Marant accompagnée de Marc Beyney-Sonier, imagine un prix tourné vers la jeune création, en phase avec les valeurs de la marque.

 

 

Plus d’informations: artprize@thekooples.com